En France l'existence des carreaux de terre cuite remonterait au VIIème ou VIIIème siècle.
Vers le Xème ou XIème, afin d'éviter une usure trop rapide, un enduit à base de plomb est
disposé sur la surface extérieure de chaque carreau avant cuisson.
Pour fabriquer un carreau de terre cuite, il faut :
- Utiliser de l'argile épurée de ses pierres, brindilles (etc.) et façonner une motte.
- Positionner la motte dans un cadre en bois et l'écraser à la main ou avec une batte.
- Racler et égaliser.
- Enlever le cadre.
- Mettre le carreau à dimensions par découpe et biseauter les bords.
- Laisser sécher plusieurs jours. Cuire une première fois au four.
- Poser un enduit à base de plomb et laisser sécher.
- Cuire au four entre 700 et 900°C.
A compter des XII-XIIIème siècles, la pose de décor incrusté est pratiquée. Une matrice, souvent en bois sculpté, est appliquée sur une des deux surfaces encore molles du carreau. La dépression créée sur le carreau est ensuite rempli d'un engobe (terre liquéfiée) de couleur différente, qui fait ressortir le dessin par contraste. Par exemple, les armes ou le blason d'un propriétaire qui illustrent sa noblesse, sa famille. Puis, pour améliorer le décor, on ajoute à la couverte de plomb des oxydes métalliques afin d'obtenir des couleurs nouvelles : vert, bleu, noir, jaune, brun...
Au XIIIème, XIVème siècle, arrivée de Mongolie, à travers la Perse, le monde arabe puis l'Espagne, l'utilisation de l'oxyde d'étain, cuisant blanc, va ouvrir la voie royale à toutes nos fabrications de faïences, de vaisselles, de pots divers, et à nos petits carreaux.
Ainsi, placés d'abord au sol, les carreaux, affinés, à dessins individuels ou en composition, purent trouver d'autres supports comme les murs, les cheminées, les potagers. Le champ d'un Art décoratif au sens plein venait de s'ouvrir...
Certaines terres ont la propriété, selon leurs composants, de changer d'état à très haute température
(environ 1300°). Elles se vitrifient, s'imperméabilisent et deviennent extrêmement dures et solides.
En France, cette propriété fut découverte en Beauvaisis, au XIVème siècle. Mais elle ne fut utilisée pour
le carrelage au sol en Beauvaisie qu'à partir du milieu du XIXème siècle.
Plusieurs ateliers de céramique en font alors usage dans l'Oise: Boulenger à Auneuil,
Colozier à Saint-Just des Marais. Ailleurs, à Douzies-Maubeuge (Nord), au Cateau (Nord),
à Paray-le- Monial (Saône et Loire), à Ecuisses(Saône et Loire) entre autres.